Finance

Comparaison de la richesse entre la France et le Japon

13 000 milliards de dollars. C’est le montant cumulé des actifs financiers détenus par les ménages japonais en 2024, un chiffre qui résiste à la stagnation de la population, à la faiblesse de la croissance et à la valse des taux. En face, la France affiche une dynamique démographique plus robuste, mais ses ménages disposent en moyenne de réserves moindres. La richesse ne se mesure pas uniquement à l’aune du PIB, et la comparaison entre ces deux nations, souvent opposées dans l’imaginaire collectif, réserve bien des surprises.

Les écarts de répartition des revenus sont plus marqués au Japon, là où la France s’illustre par une redistribution élevée parmi les pays de l’OCDE. Cette divergence façonne autant la perception que la réalité de la prospérité dans ces deux économies majeures.

France et Japon : panorama des économies et indicateurs de richesse

Dès le départ, la France et le Japon s’affichent en contraste, tant sur le plan de la géographie que de la démographie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • 644 000 km² pour la France,
  • 378 000 km² pour le Japon,
  • Mais le Japon abrite presque deux fois plus d’habitants que la France.

Avec 334 habitants par km², le Japon se distingue par une densité très supérieure à celle de la France (104 habitants/km²). Cette concentration façonne le quotidien, les infrastructures et jusqu’à la culture urbaine. Tokyo, tentaculaire et survoltée, incarne la puissance industrielle et numérique du pays, tandis que Paris reste le cœur battant d’une nation qui cultive son patrimoine, sa créativité et son influence culturelle.

  • Population : Japon 126,32 millions, France 67,02 millions
  • Densité : Japon 334 hab. /km², France 104 hab. /km²
  • Taux d’urbanisation : Japon 91 %, France 81 %

Sur la scène internationale, Japon et France se retrouvent dans les cercles du G7, G20 et de l’OCDE. Mais leurs ancrages diffèrent : la France évolue dans la zone euro et s’inscrit dans le projet européen, tandis que le Japon préserve sa monnaie et sa singularité insulaire.

Les moteurs économiques s’expriment aussi différemment. En voici les traits marquants :

  • Industrie de pointe, électronique et automobile au Japon ;
  • Services, agroalimentaire, luxe, tourisme et aéronautique en France.

Le paysage naturel souligne encore ces différences : au Japon, 68,5 % du territoire est recouvert de forêts, contre 29,2 % en France, cette dernière privilégiant l’agriculture (52,7 % de terres agricoles).

Au quotidien, cela se traduit par des choix de société opposés. Le Japon mise sur un réseau ferroviaire dense et une urbanisation poussée. La France, quant à elle, revendique un mode de vie où la gastronomie, la convivialité et les services publics sont mis à l’honneur. Deux conceptions du confort, deux manières d’appréhender la richesse collective.

Le PIB (PPA) en question : quelles différences de puissance économique ?

Comparer la puissance économique du Japon et de la France, c’est questionner les critères mêmes de la richesse. En valeur nominale, le Japon pèse plus lourd : 4 026 milliards de dollars en 2024, contre 3 160 milliards pour la France. Sa place parmi les grandes économies mondiales s’explique par une industrie forte et une capacité technologique sans équivalent.

Mais le tableau évolue dès qu’on observe le PIB par habitant. Cette fois, la France prend l’avantage, avec 46 204 dollars par personne, contre 32 498 dollars au Japon. L’écart découle à la fois de la dynamique démographique et de la façon dont les richesses sont partagées. Les Français profitent d’un revenu moyen plus élevé, reflet d’un système social structurant et de choix politiques affirmés. Au Japon, la stagnation démographique et le vieillissement pèsent sur la croissance individuelle.

  • Taux de chômage : Japon 2,6 %, France 7,7 %
  • Dette publique (% du PIB) : Japon 240,46 %, France 113,2 %
  • Croissance démographique : Japon -0,24 %, France 0,37 %

La dette publique japonaise frôle des sommets, atteignant plus du double de celle de la France. Le taux de chômage, extrêmement bas au Japon, ne doit pas masquer certains enjeux : précarité accrue, salaires à la peine, emplois peu valorisés. Côté français, la démographie reste positive, là où le Japon doit composer avec un recul de la population. Deux trajectoires qui posent des questions majeures pour l’avenir et la stabilité des modèles respectifs.

Jeune femme japonaise souriante utilisant un smartphone dans un parc tokyo

Inégalités de revenus et niveau de vie : comprendre les écarts entre les deux pays

Le niveau de vie illustre à sa manière les contrastes entre les deux sociétés. Le Japon affiche une espérance de vie élevée : 85,5 ans, soit trois ans de plus qu’en France. Cette longévité s’appuie sur une politique de santé axée sur la prévention et une densité de lits hospitaliers inégalée (13,4 pour 1 000 habitants, contre 6,5 en France). La France compense avec davantage de médecins pour sa population, un autre choix de société.

Les modèles sociaux se distinguent nettement. Avec seulement 2,2 % d’immigrants, le Japon demeure homogène, mais il doit affronter un vieillissement massif et une natalité faible. En France, la part d’immigrants atteint 12,59 %, ce qui façonne la diversité, mais pose aussi le défi de la cohésion et de la répartition des ressources. Si l’indice de développement humain se maintient à un niveau élevé dans les deux pays (0,920 pour le Japon, 0,910 pour la France), cela masque des différences sensibles en matière d’inégalités de revenus et d’accès aux services essentiels.

La vie urbaine n’a pas le même visage : 91 % des Japonais vivent en ville, contre 81 % des Français. Les espaces agricoles dominent en France, tandis que le Japon se distingue par une couverture forestière exceptionnelle. Côté environnement, les émissions de CO2 par habitant sont plus élevées au Japon (7,54 contre 4,25), signalant une industrialisation intense. Gastronomie, art de vivre, culture populaire : chaque pays cultive ses propres repères, héritiers d’histoires et de choix de société distincts.

Au fond, comparer la richesse entre la France et le Japon, c’est observer deux modèles qui se croisent plus qu’ils ne s’opposent. Face au vieillissement, à la mondialisation et aux défis de la redistribution, chaque pays avance sur sa trajectoire, porté par ses forces et confronté à ses propres contradictions. La question reste ouverte : demain, qui saura le mieux conjuguer prospérité, cohésion sociale et capacité d’invention ?