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Baisse du marché de l’occasion : anticipations et tendances

Sur le papier, une baisse de 7 % en douze mois. Voilà le chiffre qui s’impose, implacable : le marché français du véhicule d’occasion recule, après avoir connu un bref regain en 2022. Autrefois inarrêtable, la hausse continue des prix a brutalement calé dès le premier trimestre 2024, inversant la courbe et semant le doute dans tout le secteur.

Certains distributeurs lancent déjà l’alerte : le nombre de voitures disponibles explose, les délais pour trouver preneur s’étirent. Les principaux analystes du secteur, eux, anticipent que l’ajustement ne fait que commencer. Quant à la demande, elle donne peu de signes de vigueur pour l’an prochain. L’horizon 2025 reste chargé d’incertitudes.

Où en est réellement le marché de l’occasion en 2024 ?

Le marché de l’occasion connaît un recul sans précédent depuis la crise sanitaire. Sur les quatre premiers mois de 2024, les chiffres sont sans appel : les ventes de véhicules d’occasion en France chutent de 8 % par rapport à l’an dernier, selon les données les plus récentes du secteur. Cette baisse s’inscrit dans une dynamique qui touche l’ensemble du parc automobile hexagonal. Les immatriculations de voitures d’occasion poursuivent leur glissade, alors que le nombre de véhicules en vente gonfle mois après mois.

Les professionnels décrivent une situation à double détente. La baisse des prix amorcée début 2024 était attendue, tant la flambée des dernières années avait atteint ses limites sur le marché de l’occasion. Mais la demande faiblit aussi, écrasée par l’inflation et des conditions de crédit plus strictes. En moyenne, les prix des véhicules reculent de 4 % sur douze mois, et certains segments, comme les citadines ou les diesels, se déprécient encore plus vite.

Quelques tendances majeures se dégagent :

  • Le nombre de transactions reste bien en-dessous du niveau d’avant 2020
  • Les constructeurs réévaluent totalement leur approche sur le segment des voitures d’occasion
  • Les stocks grossissent, et la rotation ralentie pèse sur la rentabilité de la filière

Longtemps considérée comme une valeur sûre en Europe, la France voit aujourd’hui ses repères bouleversés. Face à une baisse du marché de l’occasion durable, les professionnels réinventent leurs stratégies d’achat, de vente et de gestion des stocks, dans un contexte mouvant où les anciennes recettes peinent à fonctionner.

Entre baisse des prix et nouvelles attentes : ce qui change pour les acheteurs

Oui, le prix des voitures d’occasion recule. Mais acheter un véhicule d’occasion ne se limite plus à surveiller le montant affiché. Les acheteurs deviennent plus exigeants, scrutant le kilométrage, la motorisation, l’historique d’entretien. Les modèles hybrides rechargeables et véhicules électriques s’imposent de plus en plus dans les discussions, portés par les politiques publiques et l’élargissement de l’offre. Pourtant, l’adoption reste lente : interrogations sur l’autonomie, coût d’utilisation, disponibilité des bornes… Les freins sont encore nombreux.

La baisse des prix attire, mais la prudence domine. Beaucoup rêvent d’accéder à des modèles récents, mieux équipés, mais hésitent à franchir le pas. Entre malus écologique et explosion du tarif d’assurance auto, le calcul est complexe. Une chose saute aux yeux : le marché est morcelé. Les citadines diesel perdent du terrain, les SUV essence gardent la cote, les électriques attendent leur envol.

Voici les nouveaux réflexes des acheteurs :

  • L’intérêt se porte sur les voitures d’occasion à faible kilométrage
  • L’historique d’entretien et la transparence du vendeur deviennent des critères déterminants
  • La motorisation influence désormais fortement la perspective de revente

Les constructeurs ajustent leur catalogue à cette nouvelle donne. On assiste à une montée en puissance de la recherche de véhicules presque neufs, signe que chaque achat s’inscrit dans une perspective de long terme, au-delà de la seule question du prix.

Jeune femme inspectant une bibliothèque vintage en magasin

À quoi s’attendre pour 2025 ? Scénarios et pistes pour anticiper les évolutions à venir

Le marché de l’occasion s’engage dans une zone d’incertitude. Après une année 2024 marquée par la baisse des prix des véhicules et la raréfaction des ventes, aucune embellie franche ne se dessine. Les professionnels analysent les tendances avec attention. La demande pourrait continuer à s’effriter, sous le poids de l’inflation, de la baisse du pouvoir d’achat et du renouvellement lent du parc automobile. Le risque de voir le marché saturé d’offres n’est pas écarté, notamment avec le retour massif de véhicules post-pénurie sanitaire.

Les perspectives qui se dessinent sont multiples. La correction du prix moyen des voitures d’occasion pourrait se poursuivre, tirée par une concurrence plus féroce et l’arrivée de plus en plus marquée des modèles électriques et hybrides. Le recul du marché s’accompagne d’acheteurs de plus en plus vigilants : fiscalité, coût d’utilisation, souplesse des financements deviennent des facteurs déterminants. Dans ce paysage, les professionnels doivent composer avec des marges réduites et des stocks difficiles à écouler.

Quelques évolutions potentiellement décisives :

  • La vente de véhicules électriques pourrait s’accélérer si les dispositifs d’aide sont maintenus
  • Les immatriculations devraient traduire, peu à peu, le passage du thermique à l’électrique, sans brusquerie
  • Le marché automobile hexagonal gardera ses particularités : citadines appréciées, désamour croissant pour le diesel

Le secteur devra surveiller de près tout signe de reprise économique ou de modification des règles, car la moindre inflexion pourrait bouleverser la trajectoire du marché de l’occasion dès 2025. L’histoire n’est pas écrite : chaque décision, chaque évolution législative ou technologique, peut redistribuer les cartes plus vite qu’on ne le croit.